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Bourgogne France

A bord du canal

5 avril 2018

Écluse n° 49, Clamecy, aux alentours de 11 heures. Un bateau attend la montée des eaux pour continuer son chemin. À son bord, une famille originaire du Vercors. La manœuvre est simple et chaque membre de l’équipage sait ce qu’il doit faire : maman est à l’arrière et attache le bateau au quai, papa fait de même à l’avant, et la petite Naïla reste avec le chien Guinness sur la proue, sagement assis en attendant que l’eau les amène au niveau du port. Depuis le 28 avril, la petite famille vogue sur les eaux des canaux de la région.

Alain Gauthier, sa femme Ève, leur petite Naïla et leur chien Guinness, ont encore un bon mois avant de retourner chez eux. À l’écluse, Alain demande à un passant si le port donne accès à l’eau et l’électricité, deux ressources indispensables pour un voyage confortable. L’homme lui répond positivement par un signe de la tête. Après dix minutes d’attente, il se prépare enfin à amarrer. « C’est toujours un moment de tension, confie le batelier amateur, mais là, ça va aller, il n’y a pas de vent ! »

Le vacancier a la chance d’être instituteur en mi-temps annualisé. Il a pu se dégager six mois pour pouvoir mettre au point ce projet de voyage avec Ève, accueillante familiale. Après l’Alsace et les Vosges l’été dernier, la petite tribu s’est lancée dans un voyage de quatre mois sur les canaux de Bourgogne et de la Loire. Mais leur « coup de cœur, c’est la Bourgogne ! » Et ils espèrent énormément de leur passage dans la Nièvre : « Pour beaucoup, le canal du Nivernais est le plus beau de France ! »

De Digoin à Chalon-sur-Saône, en passant par Châtillon-sur-Loire – leur étape favorite jusqu’à présent – la famille prend son temps. « Nous faisons attention aux haltes nautiques parce que nous avons le temps, on s’arrête dès que l’on voit un beau parc pour notre fille, selon nos envies », explique Ève. La question de l’embarcation, la famille l’avait déjà réglée l’année dernière. « Nous avions regardé les locations mais pour quatre semaines, il fallait compter un budget de 20 000 euros », constate le père de famille.

Il était inimaginable de louer pour quatre mois… Le couple décide donc d’investir et achète un bateau de onze mètres cinquante de long. À l’intérieur, tout est aménagé pour se sentir comme chez eux, avec un côté pragmatique en plus : les pièces sont petites mais bien pensées, le pommeau de douche sert également de robinet pour le lavabo, la salle de navigation fait aussi salle à manger. Pour la sécurité, c’est le chien qui en a la charge. Le border collie a développé un côté protecteur et veille sans relâche sur la petite famille. « C’est rassurant de l’avoir à bord, surtout la nuit quand nous nous amarrons à la sauvage au bord du canal », glisse Ève.

Mais ce qui inquiète davantage les voyageurs qui croisent leur chemin, c’est la présence de la petite de trois ans sur le bateau. « Ils nous demandent toujours si nous n’avons pas peur qu’elle tombe à l’eau », s’exaspère la maman. On comprend vite l’agacement de la mère en observant sa fille. Naïla a adopté toutes les mesures de sécurité. À genou sur le banc de la proue, les mains sur le bord du bateau, l’enfant regarde le port avec beaucoup de sérénité. Elle qui, à l’âge de deux ans, apprenait à marcher en arpentant le navire d’un bout à l’autre, sans jamais chavirer.

À l’écluse n° 51 du canal du Nivernais, Julien Rovau, 34 ans, voit passer les touristes depuis une dizaine d’années. Ce mardi, de nombreux bateaux se présentent à lui. Comme une tradition, chaque touriste le salue et le remercie de son travail par un sourire accompagné d’un signe de la main. Des histoires sur les touristes du canal, il en a des dizaines : « J’ai des histoires cocasses, je ne sais pas si je peux vous en parler ! », pouffe-il en faisant allusion à un couple de Parisiensqui pensai être seul à une écluse pour une activité plus qu’intime… « Mais ce n’est pas ce qui arrive le plus souvent », ajoute-il rapidement. De nombreuses personnes ne manquent pas de finir dans le canal en amarrant leur embarcation.

« J’en ai vu, des gens qui tombent à l’eau ! », s’exclame-t-il. Il se souvient d’une situation particulièrement délicate : « Une fois, j’ai dû aller repêcher une personne qui pesait près de 110 kg avec l’aide de son fils ! Le sauvetage avait été compliqué… ». En dix ans, il a vu le nombre de bateaux diminuer et il en est de même pour les agents… Ce que Julien regrette : « Nous sommes de moins en moins nombreux, nous sommes passés d’une vingtaine d’agents basés au centre de Clamecy à seulement douze. » Malgré les changements de ces dernières années, c’est toujours avec son sourire et sa bonne humeur qu’il tourne sa manivelle pour faire passer les plaisanciers estivaux.

Article originellement publié sur Le Bien public et le Journal de Saône-et-Loire, le 5 août 2014.

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