0
All

Le temps, le pire ami du deuil

23 octobre 2019

« Avec le temps, ça s’arrange », m’a-t-on dit seulement une semaine après l’enterrement de mon père. Cette phrase fait bouillonner le sang. Mais de quoi parle-t-on? Cela faisait que 14 jours que j’avais dit « au revoir » au premier homme de ma vie. Je ne voyais pas comment le temps allait m’aider.

L’horloge est cruelle les premiers jours. Dès le lendemain, j’ai commencé à compter les minutes depuis la dernière fois que j’avais la main de mon père dans la mienne. Puis j’ai regardé chaque jour passer. Chaque journée « depuis la dernière fois » me brise un peu le coeur. Et maintenant, ajouter un mois chaque 25 est un supplice.

Au début, le temps est le pire ennemi. Il s’est arrêté à 56 ans pour mon père, tandis que une vie sans deuil majeur s’est stoppée nette la veille de mes 31 ans. Je n’aurais eu que quelques jours, 10 au total, pour me faire à l’idée que mon père allait s’endormir pour l’éternité.

J’aurais aimé pouvoir geler toutes les horloges, et rester au 25 mai 2019, à 12h50, pour me dire qu’il est juste là, et que je n’aurais pas à compter les jours, les mois, les années sans un père à mes côtés.

Je sais déjà qu’une fois l’année terminée, ce ne sera pas plus facile. Me dire qu’il y a un an tout juste, je serrais mon père dans mes bras, tout droit arrivée de l’aéroport, je sais que ça me brisera le coeur, encore une fois.

Bien sûr, à chaque jour qui passe, le travail du deuil se fait. La logique commence à prendre le dessus et on se met à penser à la chance qu’on a eu de pouvoir passer du temps avec notre père. De tous ses moments que l’on a eu, que la vie nous a donné. Et c’est cela qui donne la force de se lever le matin, ou de s’endormir paisiblement le soir, entre les larmes de la journée.

Le déni, l’outil indispensable pour survivre un deuilLe jour où j’ai enterré mon père ⎮ Notre dernier voyage ensemble ⎮ Les aidants, des putains de héros ⎮ Le bel hommage de notre journal local pour mon père à lire ici.

3 Comments

  • Reply padoune 23 octobre 2019 at 14 h 55 min

    Je suis tombée par hasard sur ton texte… je ne savais pas. Et tes mots me touchent et font écho en moi, je comprends tellement ce que tu vis et ressens, il faut malheureusement être passée par là pour savoir… on a beau éprouver de l’empathie avant, tant que cela ne nous arrive pas, on ne sait pas. J’ai ce même 25 qui me hante depuis bientôt 3 mois… c’est ma maman que j’ai perdue brutalement en juillet d’un cancer des poumons. Et rien ni personne ne pourra rien n’y faire. Je te souhaite tout le courage du monde pour continuer à vivre dans ses pas, et je t’envoie beaucoup d’amour et mes pensées. Porte-toi bien et prends bien soin de toi <3

    • Reply Nastasia 15 novembre 2019 at 14 h 11 min

      Hello! J’avais vu que tu avais mentionné le cancer dans une de tes stories il me semble? Ma mère a survécu à son cancer du sein, mais mon père aura trouvé un mur. Comme tu le sais, j’imagine bien ce que tu ressens et je suis bien désolée pour toi… pour nous. J’aurais aimé que mon père soit à mes côtés pour quelques événements importants de ma vie, comme mon mariage dans quelques mois ou la naissance de ses petits-enfants. C’est dur de vivre sans eux. Je t’embrasse et prends bien soin de toi également <3

  • Reply C'est le destin, disait-il 25 mai 2020 at 14 h 27 min

    […] défunt et l’endeuillée, une lettre d’amour⎮ Le temps, le pire ami du deuil ⎮ Le déni, l’outil indispensable pour survivre un deuil ⎮ Le jour où j’ai enterré mon […]

  • Laisser un commentaire

    %d blogueurs aiment cette page :